Jacinthe d’eau : comment la transformer en charbon ?

Jacinthe d'eau : comment la transformer en charbon ?

La jacinthe d’eau peut être transformée en charbon, comme quoi la valorisation de la biomasse n’a de limite que l’épuisement des ressources. Certaines régions tropicales et subtropicales sont déjà les berceaux de la production de briquettes de charbon à partir de jacinthe d’eau. Cela fournit des revenus aux populations locales, en plus de mettre l’accent sur les résultats des recherches valorisant cette plante nuisible. Focus sur la transformation de la jacinthe d’eau en charbon.

D’une plante envahisseuse à un combustible

La jacinthe d’eau (Eichhornia crassipes) fait partie des espèces exotiques envahissantes (EEE) et est considérée aussi bien comme une menace environnementale que socio-économique. En effet, cette plante indigène du bassin amazonien envahit rapidement les lagunes, les lacs, les barrages, les canaux d’irrigation et d’autres plans d’eau. Son taux de croissance rapide pose problème également au niveau des espèces aquatiques. Elle empêche, par exemple, les poissons de retrouver leur milieu de développement idéal ou préférundum écologique propice à leur reproduction et à leur épanouissement. L’immigration des espèces indigènes à cause de la jacinthe d’eau impacte directement sur les rendements halieutiques locaux. Cette plante envahisseuse affecte aussi la qualité et le débit de l’eau, en plus d’endommager les systèmes hydroélectriques.

Étant donné les dangers occasionnés par la prolifération anarchique des jacinthes d’eau, la valorisation apparaît comme une solution miracle. Les applications utiles les plus évidentes sont le compostage, la production de biogaz et d’objets d’art. Mais qui aurait cru qu’une plante envahisseuse avec un taux d’humidité très élevé pouvait être transformée en combustible ? Pourtant, des expérimentations ont montré au fur et à mesure la qualité des briquettes de charbon réalisées à partir de jacinthe d’eau.

Une expérience concluante sur la transformation de jacinthe d’eau en charbon

Au départ, les briquettes de charbon obtenues à partir de jacinthe d’eau n’étaient pas tout à fait au point. En effet, le combustible s’enflammait lentement. Les chercheurs se sont alors penchés sur le ratio jacinthe d’eau/molasse pour améliorer son inflammabilité et son pouvoir calorifique. L’expérience s’étale sur 4 phases :

  • pyrolyse des jacinthes d’eau,
  • mélange de jacinthes d’eau et de liant, préparation de 3 différents ratios,
  • densification/briquetage,
  • analyse des 3 briquettes obtenues pour déduire leur qualité respective.

Carbonisation des jacinthes d’eau

Les jacinthes d’eau collectées sont d’abord séchées au préalable avant de passer au four pyrolyse. Elles sont ensuite carbonisées à une température de 425 °C. Une fois la carbonisation terminée, le charbon obtenu est stocké dans un récipient en acier afin de le refroidir et de l’empêcher de se réduire en cendres.

Mélange du charbon avec le liant

Le liant utilisé pour cette expérience est un mélange d’eau et de molasse. Des essais ont été effectués au préalable pour déterminer la concentration de molasse et d’eau la plus adaptée. Le charbon est mélangé manuellement avec ce liant pour obtenir une matière homogène et compactable. Comme dit plus haut, l’expérience met en évidence 3 mélanges de ratios différents :

  • 40 % jacinthe d’eau contre 60 % de molasse,
  • 30 % jacinthe d’eau contre 70 % de molasse,
  • 20 % jacinthe d’eau contre 80 % de molasse.

Briquetage et séchage

Chaque mélange est placé dans des moules pour être compacté en vue de l’obtention des briquettes de charbon. À défaut de presse hydraulique, il est possible d’utiliser un cric de voiture hydraulique pour le compactage. Une fois les briquettes formées, elles sont séchées à 105 °C pendant 8 h dans un four à convection naturelle. Elles sont ensuite refroidies avant d’être emballées dans des sacs en plastique polyéthylène, empêchant ainsi la réabsorption d’eau.

Analyse et caractérisation des briquettes

De nombreux tests ont été réalisés sur les échantillons des 3 mélanges. Il apparaît que plus il y a de molasse, plus il y a de matières volatiles et plus les moisissures se développent. Cependant, ce sont les briquettes avec un ratio 30/70 qui montrent les caractéristiques les plus intéressantes en termes de pouvoir calorifique, de poids de compression et de temps d’inflammation.

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